La dépression postnatale touche de 15 % à 20 % des mères
Comment reconnaître une dépression d'un baby-blues après un accouchement ? La dépression du post-partum touche 15 % à 20 % des mères et peut
affecter toutes les femmes ; mais moins de 2 % consultent un psychologue : c'est le constat fait par l'équipe d'Allo Parents Bébé.
Lancé en février 2008 par l'association Enfance et Partage, "qui lutte depuis trente ans pour la reconnaissance et la défense des droits des enfants",
ce numéro vert, anonyme et gratuit, qui aide à la relation parents-bébés, a reçu 9 000 appels depuis sa création.
"Le moment de la naissance est très particulier. Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais,
expliquait que les femmes enceintes étaient 'normalement folle'", explique le docteur Linda Morisseau,
pédopsychiatre-psychanalyste à l'Institut de puériculture et de périnatalité (IPP) de Paris.
Le baby-blues n'est pas forcément une dépression, mais un état d'hyperémotivité :
"Généralement, ce n'est pas grave et il ne nécessite aucun soin particulier.
Juste un peu d'attention de l'entourage", explique-t-on à l'association.
Lors d'une dépression, la mère ne fait, en général, pas attention au bébé. Il est donc doublement important de la déceler.
roubles du sommeil, très grande fatigue, impression de ne pas être capable, pas ou peu d'attachement au bébé...
sont autant de signes qui doivent alerter. Et l'isolement ou la précarité accentuent ce phénomène.
Dans ces cas, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin : "L'intérêt est d'intervenir rapidement, d'autant plus que,
souvent, les mères ne s'autorisent pas à dire qu'elles vont mal", explique le docteur Morisseau. Elles n'en parlent ni au père,
ni à ses parents, ni à ses proches, ni même à la maternité, où la dépression se déclare rarement, d'autant plus que les séjours
après l'accouchement sont de plus en plus courts. "Cet état survient entre la sixième semaine et la fin de la première année
après l'accouchement. La majorité de ces dépressions s'améliore en quelques semaines, si la mère bénéficie d'une aide relationnelle
et émotionnelle", avertit Enfance et Partage.
DES APPELS DE DÉTRESSE
Pour répondre aux questions des mères ou des pères, Allo Parents Bébé met à leur disposition un numéro vert.
"Notre équipe de six écoutantes a une technique, qui n'est pas celle du divan, mais une relation d'aide,
au téléphone", explique Françoise Rosenblatt, ancienne infirmière en pédiatrie. Dans 50 % des cas,
l'appelant est une jeune mère de moins de 30 ans, dont le bébé est son premier enfant. De 20 % à 25 % des appels
sont de véritables appels de détresse de parents dépassés par l'arrivée de leur bébé dans leur vie.
"Je milite pour un dépistage en amont de l'accouchement, d'où l'intérêt de l'entretien obligatoire au quatrième mois
de grossesse", souligne le docteur Micheline Blazy, gynécologue-obstétricienne à l'hôpital du Vésinet (Yvelines).
Souvent, en cas de dépression, les femmes culpabilisent de ne pas ressentir de plaisir par rapport aux soins de leur bébé et lui sourient peu. "Cela peut être très préjudiciable pour le bébé, qui a un élan naturel vers l'autre, avide du regard de sa mère, qui ne répond pas, surtout si le père est peu présent, affirme le docteur Morisseau. Le risque est de voir l'enfant se replier sur lui-même et de se couper du monde extérieur."
Pascale Santi du Monde du 24 juin 2009
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