Une proposition de loi pour proscrire
le bisphénol A des plastiques alimentaires


Le bisphénol A (BPA) sera-t-il bientôt interdit en France, comme c'est le cas notamment au Canada, depuis octobre 2008, et dans plusieurs Etats américains ? Une proposition de loi demandant l'interdiction de cette substance chimique, au nom du principe de précaution, a en tout cas été déposée le 27 juillet par neuf sénateurs du groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE), présidé par Yvon Collin, sénateur du Tarn-et-Garonne.
Cette proposition de loi recommande que soient "interdites la fabrication, l'importation, l'offre, la mise en vente de plastiques alimentaires contenant du bisphénol A". Cette substance chimique est utilisée dans la composition de certaines matières plastiques, notamment dans celles des biberons en polycarbonate, ou encore des récipients pour micro-ondes, revêtement de boîtes de conserve, de cannettes, etc.


PLUSIEURS INITIATIVES
Selon le Réseau environnement santé (RES), qui avait demandé en mars l'interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires, "il n'y a aucun doute sur la dangerosité de la substance, particulièrement pour les nouveau-nés, en raison de son caractère de perturbateur endocrinien". "Le BPA est suspecté dans les grands problèmes de santé : cancer du sein, de la prostate, diabète, obésité, atteinte de la reproduction, maladies cardio-vasculaires, troubles du comportement...", souligne André Cicollela, porte-parole du RES
M. Cicollela "souhaite que l'ensemble des parlementaires, toutes couleurs politiques confondues, soutiennent cette proposition de loi qui relève d'une mesure de santé publique, compte tenu des centaines d'études scientifiques qui concluent à 90 % à un effet". Les travaux du professeur Patrick Fénichel, du centre hospitalier universitaire (CHU) de Nice, ont récemment montré que le bisphénol A stimulerait la croissance des cellules cancéreuses. Pour André Cicollela, "il est urgent d'agir".
Cette initiative s'ajoute à celle des députés du groupe Santé environnementale, présidé par le député (PS) de Haute-Garonne Gérard Bapt. Ce dernier avait interpellé, en juin, Roselyne Bachelot, ministre de la santé, à ce sujet, en vain. De son côté, Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie, a demandé, le 15 juin, à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de reprendre l'expertise sur les effets du bisphénol A.
Dans son dernier avis, rendu le 24 octobre 2008, l'Afssa estimait que les niveaux d'exposition des nourrissons au BPA étaient inférieurs à la dose journalière tolérable (DJT) de 50 microgrammes par kilogramme de poids corporel.
Les plus gros fabricants de biberons américains ont cessé depuis quelques mois de commercialiser des produits avec du BPA. En France, plusieurs fabricants ont arrêté de vendre des biberons fabriqués à partir de cette substance

Pascale SANTI
Le Monde du 18 août02009